Tendo-ryu
Le Tendo-ryu est probablement l’une des écoles la plus représentative du Naginata. Au-delà de ses 239 katas, dont 138 sont associés au Naginata, l’évolution de cette école reflète la transition d’un art de guerre vers une tradition martiale de volonté et de détermination
Le fondateur du Tendo-ryu est Saito Hangan Denkibo Katsuhide (1550-1538). Son école créée vers 1560 s’appelait Ten-ryu à l’origine. Sous la tutelle de Tsukahara Bokuden, le célèbre fondateur de l’école Kashima Shinto-ryu, Saito aurait étudié le maniement du sabre et de la lance.
La légende du Ten-ryu affirme que Saito fit une retraite au temple Shinto de Hachimangu à Kamakura. Une nuit, il se battit avec un ascète. Après un combat qui dura jusqu'à l’aube, Saito demanda à son adversaire, le nom de son école, l’homme partit sans rien dire vers le soleil levant. Cela inspira le nom de Ten-ryu (la tradition du ciel) à Saito. Cette légende, ne représente cependant pas Saito comme d’autres récits, le décrivant comme un homme pugnace et flamboyant. Après cet épisode Saito partit pour la capital où il enseigna à de nombreux élèves, pour s’en retourner ensuite dans son village natale dans la province d’Hitachi. Il y créa son école et prit l’habitude de porter les vêtements des légendaires Tengus, ces personnages mi-corbeaux mi-humains, experts dans le maniement du sabre. Saito fit beaucoup de jaloux pour son talent, et son audace qui contrastait tellement avec le caractère serein de Tsukahara Bokuden.
L’un des plus grands ennemis de Denkibo était Shinkabe Aki-no-kami Ujimoto. Il pensait que Denkibo manquait totalement de savoir-vivre, il pensa que son élève le plus talentueux : Sakurai Kasumi-nosuke, serait le parfait champion pour rabattre le clapet de Saito Denkibo. Les commentaires acerbes et les remarques de l’éventuel défaite de Saito Denkibo face à ce jeune champion provoquèrent le duel que Saito remporta. La rage de Shinkabe Aki-no-kami Ujimoto lui inspira une embuscade, tendue par lui et dix hommes du défunt. Ils lui tirèrent dessus de plusieurs directions, Saito aurait réussit à stopper plusieurs flèches avec l’aide d’un Kayamari mais fut finalement tué ; « couvert de flèches tel les piquants d’un hérisson », pour reprendre les termes d’écrivains.
La méthode d’arrêt des flèches, mise au point par Saito, serait devenue la base de certaines techniques centrales de l’école de Naginata de Tendo-ryu. Un grand nombre de duels célèbres opposèrent les pratiquants de l’école Ten-ryu avec des membres d’autres écoles durant l’èreEdo. Comme beaucoup d’autres écoles de l’époque, le Ten-ryu enseignait le maniement denombreuses armes, le plus vieux manuscrit de l’école inclut des instructions pour l’étude du sabre et d’un certain nombre d’autres armes, ainsi que des tactiques de combat sur champ de bataille, de combat à dos de cheval, de combats à main nues et d’enseignements philosophiques.
Au fil des époques l’école se subdivisa en plusieurs branches qui se spécialisèrent dans le maniement du sabre, de la lance ou d’autres armes. Mitamura Kengyo, le maître d’une des branches, isola, vers la fin du 19ème siècle, les particularités du naginata pour l’entraînements des femmes et des filles. C’est ainsi que la branche de Mitamura commença à s’identifier par le nom de Tendo-ryu « Voie du ciel ». En réponse à l’influence grandissante de l’influence occidentale, Mitamura aida à mettre en place les Seitokusha, des écoles de Shinto et de pratique d’arts martiaux.
En 1895 son groupe fusionna avec le Dai Nippon Butokai, une association nationale réglementant les arts martiaux. Après avoir présenté sa méthode d’enseignement de groupe en 1899, il fut employé par la grande école de fille Doshisha à Kyoto pour y enseigner le Naginata de l’école Tendo ryu. Les femmes prirent de l’importance en tant qu’enseignantes, et petit à petit l’arme d’entraînement fut allégée. Sur les 239 katas de bases seul 120 sont encore pratiqués, leur identité est cependant toujours répertoriée :
108 katas de Tachi(sabre) - Naginata
12 katas de Tachi – Naginata avec Kaiken (poignard)
11 katas de Tachi – Naginata avec Tanto(Tachi court)
7 katas de Tachi – Naginata avec Kodachi (petit Tachi)
10 katas de Tachi –Jo
5 katas de Tachi – Kusarigama
1 katas de Tachi – Kusarigama avec Kodachi
2 katas de Tachi – Kusarigama avec Tanto
16 katas de Tachi – Nito (2 sabres)
5 katas de Tachi – Tanto
59 katas de Tachi – Tachi
3 katas de Tachi – Kodachi
La personne enseignant est appelée Uketachi et est toujours armée d’un Tachi. Le rôle du Uketachi est de fournir une « opposition coopérante » et ainsi permettre à l’étudiant ou Shitachi de s’améliorer. L’origine de ces katas n’est pas très claire, il est cependant inhabituel que d’anciennes écoles développent autant de katas autour d’une arme tel que la Naginata.
Il est logique d’en déduire que les katas se multiplièrent au travers des années par l’apport de pratiquants voulant ajouter leur emprunte ou améliorer les formes existantes. Les techniques de cette école sont d’abord pratiquées seul et ensuite, après un temps, avec un partenaire. Les formes de base consistent en une série de mouvements vifs en spirale de la naginata contre le sabre. Certaines coupes de naginata concernent parfois les poignets ou encore les parties du corps non protégées par l’armure. Ichimonji no midare, qui est reconnue pour être une technique de Saito Denkibo aurait été utilisée pour arrêter les flèches, il y a plus de 400 ans. Cette technique est la base de nombreux katas. Les noms de chaque garde et kata expriment l’esprit de ceux-ci, ainsi la garde Ippon-Sugi représente le cèdre élevé vers le ciel et dont les hommes regardent la cime
Bien que les racines du Tendo-ryu se développèrent en période de guerre, beaucoup de techniques de l’école originelle, le Ten-ryu furent oubliées ou abandonnées. Malgré cela, les personnes pratiquant le Tendo-ryu actuellement, ont réussit à maintenir une grande partie de l’esprit et des principes de l’époque. Les katas sont pratiqués dans le but d’inculquer un sens du combat, Mitamura Takeko appelait cela : « l’esprit de la coupe et de la puissance”. Elle croyait qu’en pratiquant ainsi, on pouvait aider chacun à mieux se connaître. « Je ne pratique pas seulement le naginata, il fait partie de moi ». Elle disait que même si un étudiant s’entraîne à tuer : « la gentillesse et la douceur naturelle d’une femme ne sont pas perdues. En fait l’entraînement est destiné à accroître ces particularités par la force qui peut être utilisée pour élever et protéger aussi bien que prendre des vies. »
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L’instructeur est le guide du kata, il se doit de gérer au mieux la distance afin de permettre à l’étudiant de réaliser ses frappes avec la puissance maximum d’une frappe réaliste. Il y a deux kiais de bases ; celui de l’instructeur qui, dans sa première frappe, jaillit comme une invitation à une contre attaque en un TOOH. Le kiai du contre attaquant retentit en un EEEIIIIH ou un YEEIII exprimant la puissance d’une frappe finale. Certains katas alliant l’usage de la naginata et du sabre court son très représentatif des limites d’efficacité de la naginata à courte distance. Ainsi le pratiquant jette sa naginata pour saisir un sabre court, empoigner son adversaire et ainsi conclure l’assaut. Ce genre de kata trouve son origine dans la limitation des armes longues mais aussi dans l’identité féminine de l’école. Une femme ne pouvant compter sur la masse de sa stature en combat rapproché. Les grands senseis de cette écoles pratiquent encore des katas de kusarigama et certains katas, dont l’origine est incertaine, utilisant des techniques à deux sabres (Nito).
Le dojo principal du Tendo-ryu est le Shubukan à Osaka, mais on trouve des dojos un peu partout dans le pays. La personne dirigeant l’école est le Soké, garant de la transmission du savoir. C’est Mitamura Takeko qui perpétue cette tradition au travers des clubs japonais mais également américains et européens.
Sources : Kendo World Vol 2 No 2, “Old School” de Ellis Amdur, Brochure du Stage de Tendo-ryu 2004
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