Le personnage M.MUSASHI
Comment était physiquement ce fameux Musashi ? Selon certaines sources japonaises il devait être plus grand que la normale et d’une grande force physique.
Une particularité supplémentaire de taille il semble avoir été gaucher.
Musashi a su tirer partie de cet inconvénient. En effet être gaucher pour un sabreur n’était pas un avantage sauf pour les techniques à deux sabres. Je reviendrai plus tard sur l’atout d’être gaucher pour Musashi.
A cause d’un maladie de peau contractée pendant son enfance son visage était grêlé et désagréable à regarder.
Il semble que, conscient de son désavantage de physionomie M.Musashi n’ait pas voulu améliorer son image corporel, au contraire il ne concéda pas à la mode de la coiffure traditionnelle du samouraï et portait les cheveux dépeignés et une barbe hirsute.
Et pour couronner le tout on prétend qu’il n’aurait jamais pris de bain de sa vie ! une hétérodoxie pour l’époque.
Bref cette apparence extérieure négligée s’avèrera être un handicap pour son ambition de devenir l’instructeur du shogun et faire reconnaître son style.
Mais revenons au personnage, vraisemblablement il n’existe pas de renseignement historique stipulant que M.Musashi ait eu une descendance. Dans ces conditions, difficile d’avoir une transmission filiale de sa ryu.
Toujours en quête de perfectionnement Musashi passa la plus grande partie de sa vie en voyage (musha-shugyo), cela n’aida pas Musashi à concevoir une descendance.
Le désirait- il vraiment ? Quoi qu’il en soit c’est par un autre moyen courant à l’époque qu’il résolut ce problème de parenté.
Il adopta deux jeunes garçons vers l’année 1617, le premier qui fut plus tard appelé par le seigneur Honda Nakatsukasa Taiyû: Miyamoto Mikinosuke et le second appelé Iori . Miyamoto Mikinosuke (âgé d’environ 14 ans) ne semble pas avoir été un fils pour Musashi mais davantage un élève et surtout un « investissement » pour parvenir à réaliser son ambition.
Selon certaines sources Musashi ne s’employa à éduquer Miyamoto Mikinosuke que pendant quelques années (4 ans) puis il le mit au service du seigneur Honda Nakatsukasa Taiyû, un personnage influent dans l’entourage du Shogun.
Mais c’était sans compter sur le junshi. Il s’agissait d’un acte de loyauté ultime ou le vassal suivait son seigneur dans la mort. A la mort de Honda Nakatsukasa Taiyû en 1626 Mikinosuke se donna la mort par seppuku.
Il semblerait que Iori, quoi que sabreur émérite ne pu égaler l’ascension sociale et l’honorabilité de son défunt frère.
Un coup d’épée dans l’eau pourM.Musashi. L’histoire est parfois bien ingrate pour les hommes d’exceptions.
Je me suis demandé pourquoi autant de célébrité post mortem pour ce sabreur non reconnu par le pouvoir de son époque.
Le personnage est plus notoire que son art du sabre. On parle beaucoup trop de ses victoires en duels ( aucun duel de perdu ?) mais peu de sa technique de combat au sabre.
Une soixantaine de duels avant l’âge de trente ans dixit M.Musashi, c’est une très bonne performance pour l’époque mais la particularité de M.Musashi c’est que ces duels n’étaient pas uniquement contre des sabreurs.
En effet sa technique était si efficace qu’il pouvait se battre contre des experts en sabre mais aussi contre des experts en Bo (bâton), en Yari (lance), en Kusari gama (faucille avec une chaîne terminée par un poids en acier).
Pourquoi autant de maestria dans sa technique ?
Parlons des duels des Miyamoto Musashi, plus tôt de sa stratégie si personnelle employée pour ses duels.
Après avoir lu les récits de ses duels plusieurs commentaires me viennent à l’esprit:
·En premier lieu que le nombre de duels gagnés est proche des 100%, incroyable pour cette époque aussi troublé. Une moyenne de deux par mois pendant sa période d’âge de vingt à trente ans.
·Ensuite la diversité en arme des adversaires et leur niveau technique. Si certains étaient honorables, d’autres étaient de très bons experts dans leur domaine et même les meilleurs experts dans leur discipline.
·Enfin et surtout la manière dont Miyamoto Musashi a su vaincre ces duellistes, rien à voir avec le code d’honneur et les us et coutumes du XVII siècle.
Etre expert en sabre pour l’époque était un sacré fardeau car les nombreuses ryu de Ken abondaient, et la course à la suprématie en sabre obligeait les élèves expérimentés des différentes ryu à se provoquer en duel les contre les autres.
Miyamoto Musashi acceptait en plus de ces duels en Ken d’autres duels avec des experts en Bo, en Naginata, Yari….
Si grande que je me pose la question sur son but final ?
Gagner le plus grand nombre de duels possible, qu’importe la manière le but était de prouver que sa technique à deux sabres et la meilleure ?
Hum… c’est une hypothèse à retenir si l’on étudie d’un peu plus près les différentes stratégies employées lors de ses duels.
Prenons quelques exemples :
Pour son premier duel il n’avait que treize ans, on pourrait croire que son âge devait être un désavantage et bien pas du tout, je pense au contraire que son jeune âge à été un atout majeur dans ce duel.
Son adversaire se nommait Arima Kihei adepte de l’école Shintô-ryu . Elève expérimenté il parcourait le Japon (usha-shugyom) pour parfaire son expérience.
Il fut grandement étonné qu’un gamin de treize ans réponde à son duel, sans appartenance à une ryu de Ken prestigieuse ou reconnue, qui plus est protégé par un moine .
Agacé et blessé dans son honneur il ne demanda pourtant que des excuses public. En effet battre en duel un gamin de treize ans n’était pasun acte digne d’un sabreur de sa valeur, au contraire cela aurait pu être un accroc à sa réputation.
Cependant Miyamoto Musashi ne voulu pas présenter ses excuses au contriare il avait la ferme intention d’en découdre avec ce sabreur.
Selon le récit rapporté dans le Hyôhô senshi denki, Arima Kihei n’eut pas le choix car Musashi au lieu de s’excuser l’attaqua sans crier gare avec un bokken !
Arima Kihei dégaina son wakizashi et lança une contre attaque à mi distance. Musashi contra cette riposte en se baissant brusquement, fit une projection et frappa entre les yeux (avec son bokken) son adversaire qui mourut.
Bien des interrogations me viennent à l’esprit.
-Comment un gamin de treize ans puisse battre un sabreur comme Arima Kihei ? Certes il devait être un sabreur moyen mais qui avait cependant une certaine expérience en duel, effectuer le usha-shugyom n’était pas donné à tout le monde.
-A t’il sous estimer son adversaire qui pour lui ne représentait qu’un garçon insolent sans danger réel ?
-A t’il était abusé par le moine qui s’occupait de Musashi en l’écoutant ? En effet le moine supplia Arima Kihei de ne pas accepter ce duel et de bien vouloir recevoir les plus plates excuses de ce galopin sans expérience ?
·Comment Musashi a t’il pu effectuer cette technique de projection d’épaule sachant que c’est lui qui effectua la première attaque avec son bokken ? Selon le récit détaillé duHyôhô senshi denki Musashi aurait réussi à parer la contre attaque du wakizashi en effectuant une projection (en se baissant sous son adversaire et en passant sa main sous les jambes d’Arima pour le projeter par dessus son épaule). Ensuite il aurait ramassé son bokken ! et frappait entre les yeux son adversaire avant que celui ci se relève ?
Stratégie ou coup de chance ?
Génie ou esprit diabolique sans scrupule ?
Peut être tous ces paramètres à la fois ?
Pour ma part le duel le plus improbable fut le deuxième entre Muso Gonnosuke Katsuyoshi et Musashi.
En effet selon certaines sources il y aurait eu deux duels. Le premier gagné par le sabreur M.Musashi, puis le deuxième perdu par M.Musashi !
Hors selon la majorité des bibliographies de Miyamoto Musashi il n‘aurait jamais perdu un seul duel.
Hum……comme toujours difficile de connaître la réalité tant la légende entoure les exploits de M.Musashi.
Nous avons le Nitenki (Toyoda Seigô), le Honcho Bugei Koden, l e Jodo Kyoshi ainsi que le kaijô monogatari qui relatent le récit du premier duel mais rien sur le second.
Ce récit est aussi relaté dans un livre contemporain : l’ Épée Et Esprit: Traditions classiques de guerrier du Japon, volume 2 édité par Diane Skoss.
Mais rien sur le deuxième. A t’il vraiment eu lieu ? Les seuls récits sont ceux apportés par les ryu de Jo-Do et de Jo-Jutsu .
Vous pouvez lire le récit de ces deux duels dans http://www.lebujutsu.net/articles.php?lng=fr&pg=411
Muso Gonnosuke Katsuyoshi était pour l’époque un expert renommé en arts martiaux (Bu-Jutsu), en effet il avait étudié le Tenshin Shoden Katori Shinto-ryu, le Shinto Muso-ryu et le Kashima Jikishinkage-ryu.
Comme Musashi il parcourait le Japon (musha-shugyo) afin de parfaire sa maîtrise, on dit qu’il n’avait encore jamais perdu aucun duel avant de rencontrer M.Musashi.
Si l’on peut considérer le premier duel comme historique, le deuxième serait plus une légende pour apporter de la crédibilité historique au Jo-Jutsu de la Shinto Muso-ryu.
Que peut on en retenir ? que le deuxième duel n’est peut être, qu’une légende mais aussi que la technique de Jo (bâton court) avait évolué notamment contre des attaques à deux sabres.
Ce deuxième duel hypothétique fait il partie de la légende de Musashi ou de l’école de jodo de Muso Gonnosuke Katsuyoshi ? Qu’importe on retiendra une beau récit d’action entre deux excellents combattants.
Le duel le plus technique en dehors des duels sabres contre sabres fut pour ma part celui contreShishido Baikin raconté par Yoshida.
En effet c’est sur ce duel que l’on a la preuve du génie inventif de Musashi.
Shishido Baikin était expert en kusari-gama. Une arme redoutable très difficile à combattre de part son attaque imprévisible (chaîne ou faucille ?).
Selon les sources de Yoshida Musashi réussi à battre son adversaire grâce à son esprit inventif et sa perception innée du combat.
On peut penser que jamais auparavant Musashi n’avait déjà combattu contre un kusari-gama.
Cette arme est très efficace contre un sabreur même avec un sabreur à deux sabres.
La chaîne est toujours en mouvement prête à être lancée et la faucille, ensuite disposée à couper…
Le génie de Musashi est ici mis en évidence grâce à sa fameuse technique de gyaku-nito!
En effet prendre le sabre long dans la main gauche et le sabre court dans la main droite à du rendre Shishido Baikin on ne peut plus perplexe et désorienté.
En effet quel sabre attraper avec sa chaîne sans que l’autre le pourfend ?
Et pourquoi ce sabre court tournoie autour de la tête de ce sabreur à la même cadence que ma chaîne ?
Beaucoup trop de questions pour être sanshin !
Il faut savoir qu’un duel contre un kusari-gama est quasiment fatale, dans le meilleur des cas il y a blessures graves sinon c’est la mort.
A ce stade la première attaque ne doit pas être lancée à la légère pour le sabreur, pas de seconde chance.
Mais à cette instant c’est le porteur de kusari-gama qui est en difficulté, il recule…. au même instant le sabre court se plante dans sa poitrine. Par quel sortilège ce sabre court me tue ? pas le temps de comprendre le deuxième sabre de Musashi le pourfend et c’est le noir pour l’éternité.
Shishido Baikin mort ne pourra jamais comprendre que Musashi a lancé son sabre court pour l’atteindre en pleine poitrine et qu’ensuite il l’acheva avec son katana.
Cette technique sortant de l’ordinaire vient du fait que Musashi était aussi un expert en jitte, arme qui peut aussi ce lancer.
On la nomme sanshin tô.
Lancer son sabre court !!! il fallait le faire car le sabre court n’est pas une arme de jet. Sa forme et son équilibrage sont un handicap pour le lancer juste ; De plus la distance entre le sabre court et l’adversaire doit être très précis, car trop près il n’y a pas suffisamment de force et risque d’être touché par l’adversaire, et trop loin la trajectoire en courbe à peut de chance d’aller sur l’adversaire.
C’est la version de Yoshida que je préfère retenir, il y en a d’autres mais elles ont en commun le fait que Musashi utilisa son sabre comme une arme de jet.
Fin de cette partie