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2. Le chemin du Thé
Nous avons tous entendu parlé du terme Cha no yu, la fameuse cérémonie japonaise du thé. Le souvenir le plus présent pour les occidentaux est un désagréable goût d’herbe ou d’algue dans la bouche après avoir bu le breuvage.
Il ne restera d’agréable dans notre mémoire que le charme et la beauté de l’endroit ainsi qu’une certaine impression de recueillement pour les gestes lents et codifiés du maître de cérémonie.
En fait nous sommes souvent à dix milles lieux du chemin du Thé !
La finalité du Cha no yu n’est pas de boire le thé mais d’entrer sur le chemin du Thé. L’essence spirituelle de cette cérémonie est décrite dans le livre de Okakura Kakuso ( Le Livre du thé, éditions Philippe Picquier, 167 pages ).
Il écrit : La cérémonie du thé, est un culte fondé sur "l’adoration du beau jusque dans les occupations les plus triviales de la vie quotidienne coûteuse complexité; Une géométrie éthique, enfin, dans la mesure où elle définit notre sens des proportions au regard de l’univers. Elle représente, par-dessus tout, le véritable esprit démocratique de l’Extrême-Orient, en ce qu’elle fait de chacun de ses adeptes un aristocrate du goût".
De plus Okakura Kakuso nous entraîne sur la voie des courants philosophiques de l’Asie, le Zen et le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme, et à les articuler entre eux. Il affirme que le théisme, "n’est autre que le taoïsme déguisé".
Encore selon l’auteur Okakura Kakuso la cérémonie du thé telle qu’elle s’est développée au Japon trouve ses origines dans le Tch’an, le Zen chinois, une école bouddhiste qui avait assimilé un grand nombre de doctrines taoïstes.
Mais par dessus ces concepts le chemin du Thé est surtout basé sur une harmonie de perfection de raffinement et dépouillement.
Seule la Nature atteint parfaitement cette harmonie. Les maîtres de thé essayent d’en être le plus proche en utilisant des œuvres d’arts aussi raffinées que dépouillées.
En premier nous avons la chambre de thé.
Elle est généralement située dans un coin retiré du jardin est appelée aussi Maison du Vide", un nom dans lequel on retrouve la théorie du "tout-englobant", mais aussi "Maison de l’Asymétrique".
On y célèbre le "culte de l’Imparfait", la recherche de la perfection important davantage que la perfection elle-même -le processus davantage que le résultat.
La sobriété du décor "laisse volontairement une part d’inachevé que le jeu de l’imagination peut compléter à sa guise"."La vigueur de la vie et de l’art réside dans leurs possibilités de croissance", écrit Okakura.
Les maîtres de thé s’entourent d’œuvres soigneusement choisies, qui les touchent et correspondent au plus près à leur sensibilité individuelle -et à celle de personne d’autre.
La chambre de thé est construite dans cet esprit: son rôle est de satisfaire une exigence esthétique personnelle. Un autre nom qui lui est donné, "Maison de la Fantaisie", évoque "une structure éphémère construite à seule fin d’abriter une impulsion poétique".
Les maîtres mots de la cérémonie du thé, longuement détaillés par Sen Soshitsu dans sa postface, sont la pureté, la sérénité et le respect.
"L’échec à percevoir l’humanité profonde d’autrui constitue l’une des plus grandes causes de conflits en ce monde", écrit Sen Soshitsu à propos du respect.
L’abolition des distinctions sociales dans la chambre de thé nous rappelle l’essence démocratique du rituel.
Dans la chambre de thé et la salle de préparation, dont le dépouillement doit exprimer la beauté véritable, rien n'est laissé au hasard, décor, mets, sujets de conversation...
Il s'agit d'apprécier chacune des choses nécessaires à la cérémonie : ustensiles, bol, boîte, louche, fouet, décoration florale, kakemono (peinture verticale sur rouleau) ou encore l'harmonie architecturale du lieu.
Il nous reste bien entendu le rituel du Cha no yu.
Développé vers la fin du XVème siècle sous l'influence du Bouddhisme zen, ce cérémonial invite l'homme à se purifier en s'unissant à la nature.
C'est pourquoi, l'allée, le Roji, qui mène au pavillon passe au milieu des arbres et des fleurs permettant au visiteur d'accéder au premier stade de la méditation. Au départ, une collation légère est servie (le Kaiseki), suivie d'une courte pause. Vient ensuite le Goza Iri, au cours duquel est d'abord servi un thé épais, Koïcha, puis un thé léger, Usucha.
Diverses purifications et civilités d'usage ont lieu, cinq coups de gong sonnent l'étape suivante qui consiste, après une suite de gestes minutieux, à préparer le Matcha, poudre de thé vert Gyokuro. Battu avec de l'eau chaude, il donne une boisson mousseuse qui est alors proposée successivement à tous les invités, qui se passent le bol après avoir formulé des compliments sur son goût.
Mais est ce ici la destination finale du chemin du Thé ?
Je ne le pense pas, le chemin du Thé est perpétuel, il vous guide dans votre existence mais maintenant c’est à vous de parcourir votre chemin du Thé….
Quelques références de livres pour en savoir plus :
"Le Livre du Thé " de Okakura Kakuso, Dervy-Livres, Paris 1992. " Vie du Thé, Esprit du Thé " de Soshitsu Sen, J.C. Godefroy, Paris 1994. " La Voie des Quatre Vertus " de S.J. Soutel-Gouiffes, La Table d'Emeraude, Paris 1997.
Tcha
Nota j'avais réalisé cet article pour le site : www.lejapon.org
Date de création : 28/10/2003 @ 18:38
Dernière modification : 29/07/2008 @ 12:33
Catégorie : Thé japonais
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