Je tiens à rendre hommage à Mu qui est l'auteur de cet article surprenant d'originalité et de bien fondé. Vous pouvez le découvrir d'avantage sur son site:www.compucycles.com/guests/aikido/
A l'origine, le Hakama était une culotte d'équitation, typiquement japonaise.
En plus de l'aisance que permettait son ampleur, il apportait une protection au cavalier : le glissement des deux tissus (il était en principe porté par dessus une autre tenue) permettait d'éviter la "brûlure" sur la face interne des genoux.
Actuellement, il est porté par hommes et femmes dans le cadre d'arts martiaux (Iaido et Aikido), mais également à l'occasion de cérémonies religieuses, évènements familiaux etc.
DECOUPE
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Le Hakama est donc principalement réalisé à partir de deux pièces de tissu rectangulaires, dont les proportions H x L sont approximativement de 1,63 (rappelons que le "nombre d'or" est d'environ 1,618).
L'ouverture de l'entrejambe est placée de manière assymétrique.
A ces deux pièces s'ajoutent le koshiita (dosseret), les deux ceintures et les différents renforts.
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La première opération consiste à coudre l'entrejambe.
Puis les côtés de chaque jambe.
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L'opération déterminante est alors la réalisation des plis, selon des règles très précises. Ainsi, les largeurs des parties avant et arrière se trouvent réduites de moitié.
On constate que l'harmonie de leur agencement est en fait fondée sur une assymétrie, qui correspond aux principes de l'esthétique japonaise.
Par ailleurs, les fameux "cinq plis devant et deux derrière" ne sont que les plis visibles. En fait, s'y ajoutent deux plis cachés (point à vérifier suivant les époques, les marques actuelles de hakama et les contextes - martiaux ou non).
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KOSHIITA et CEINTURES
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En fait, le koshiita (dosseret semi-rigide), qui prolonge la ligne des fentes latérales, ne serait ajouté que dans un contexte martial : les hakama portés par les prêtresses du culte Shinto (les miko par exemple) n'en comportent pas.
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Le noeud avant de la ceinture du hakama est "ancré" sous celui du gi, de sorte qu'il se situe approximativement au niveau du Hara, qu'en tout cas, il symbolise.
Pour être maintenue plus solidement (en particulier dans les écoles qui pratiquent intensément le suwariwaza), la partie avant du hakama peut être repliée dans la ceinture du gi.
Un anneau de tissus fixé à l'envers du koshiita (visible sur la photo ci-dessous) permet de glisser une petite latte de bois qui sera coincée dans la ceinture du gi, dans le dos (système souvent utilisé en iaido mais exclu en aikido).
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Le rapport des côtés du rectangle est de 1,42 soit environ la racine carrée de 2 : c'est le rapport de la diagonale au côté du carré, ce qui n'a rien de surprenant ici : le placement "d'équerre" sur tissu s'obtient souvent par pliages en diagonales... surtout au pays des origamis.
Ici, la disposition du hakama et le schéma sont approximatifs, mais permettent de retrouver le principe de construction.
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RANGEMENT: ENTRELAC DES CEINTURES
Il existe plusieurs méthodes pour agencer les ceintures lors du pliage.
Mais la question essentielle est de savoir si les fabuleux enlumineurs du Manuscrit de Kells portaient un hakama.
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Et puis, comme l'écrivit si bien Léonard, au temps de Muromachi : “Si tu écartes les jambes assez pour que ta hauteur diminue de un quatorzième, et si tu ouvres et lèves les bras de sorte que les médius arrivent au niveau du sommet de la tête, sache que le nombril se trouvera au milieu entre les extrémités des membres écartés; et que l’espace entre les jambes sera un triangle équilatéral.”
La recherche du Hara n'était pas bien loin.
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CREDITS :
En matière de costumes, la référence est le site du Musée du costume de Kyoto. Voir comment, grâce à la longueur du hakama (époque Edo) on s'assurait de la docilité des visiteurs remuants.
www.sengokudaimyo.com, site très bien documenté (voir, entre autres, la page sur les coloris). Suivre les liens suggérés pour une vue d'ensemble détaillée sur le Japon médiéval
Sur la réalisation d'un hakama cette page, aborde la question des proportions.
Un site détaillé sur certains points techniques de la réalisation, en particulier concernant les finitions. :
Sur la symbolique des plis, un article très précis.
Qu'on pardonne le coup de ciseaux dans la splendeur du folio 292 R du Livre de Kells, manuscrit Irlandais du VIII° siècle. Cette version JPG est malheureusement tronquée dans sa partie basse. Voici une autre version, moins nette mais complète, en GIF (autres coloris).
Et pour les fadas de courbes matheuses. Y ajouter une balade sur Wiki, sur les pages "nombre d'or" et "racine carrée de 2".
En passant (je n'y résiste pas) : les rêves farfelus d'un ancien professeur de Maths Spé ( très sérieusement étudiés ici). Bon, on arrête.
Un grand merci à Vinci pour son oeuvre, et à Luc Viatour pour avoir bien voulu en mettre la photographie libre de droits sur Wikipedia.
Un beau site sur la question ici.
Ceci dit, photos, graphismes et tout le reste : © Mu.
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